Quand on entreprend, on pense business model, acquisition, levée de fonds. Mais très peu de créateurs d’entreprise pensent au risque qu’il leur arrive quelque chose, mettant brutalement leur business à l’arrêt. C’est là que la prévoyance entre en jeu. Souvent négligée, la prévoyance est pourtant un pilier essentiel de votre sécurité financière en tant qu’entrepreneur et de la pérennité de votre projet. Bonne nouvelle : il est possible d’anticiper sans exploser son budget.
Prévoyance : de quoi parle on vraiment ?
La prévoyance, ce sont tous les mécanismes qui vous permettent de maintenir un revenu et protéger financièrement vos proches en cas de maladie ou d’accident vous empêchant de travailler de manière temporaire ou définitive ou de décès.
Pour un entrepreneur, cela prend la forme d’un contrat individuel qui prévoit généralement :
- des indemnités journalières pour compenser la perte de revenus en cas d’arrêt de travail,
- une rente d’invalidité en cas d’incapacité durable à exercer votre métier,
- un capital décès pour protéger vos proches si vous disparaissez.
Vous bénéficiez obligatoirement d’une couverture prévoyance de base (Sécurité sociale des indépendants, CIPAV etc…) mais elle ne suffit pas. Les indemnités journalières et autres prestations sont faibles et plafonnées.
Pourquoi c’est crucial pour un entrepreneur ou un startuper ?
Parce qu’en tant qu’entrepreneur, vous êtes souvent seul à bord. Que vous soyez solo founder ou CEO de votre start-up, votre présence est centrale pour la stratégie, le développement commercial, la gestion des équipes. Si vous tombez, tout peut vaciller.
Un exemple concret :
Vous êtes fondateur d’une agence digitale. Vous vous cassez la jambe, complication, hospitalisation, 3 mois d’arrêt. Vous perdez des clients, vos équipes tournent au ralenti, votre trésorerie s’effondre. Sans prévoyance, vous n’avez ni revenu ni filet de sécurité.
Et ça n’arrive pas qu’aux autres : burn-out, AVC, chute en vélo, dépression… Les jeunes dirigeants sont aussi vulnérables, souvent même plus exposés qu’ils ne le croient. Et surtout, ils ne bénéficient pas des avantages des salariés : pas de maintien de salaire, pas de complément employeur…
La plupart des entrepreneurs qui repoussent la prévoyance sont dans une logique court terme : « je commence à peine », « on n’a pas de budget », « on verra après la levée de fonds ». Le problème ? Un pépin de santé peut arriver à tout moment. Et plus vous tardez, plus les conditions de souscription se durcissent (âge, exclusions médicales…).
Protéger votre capacité à générer du revenu, c’est aussi protéger votre entreprise. Un arrêt brutal peut fragiliser votre activité, vos collaborateurs et votre trésorerie.
Vous êtes en phase de levée de fonds ? La prévoyance devient stratégique ! Un bon contrat de prévoyance est aussi une garantie de continuité de gouvernance, surtout si vous êtes le seul dirigeant opérationnel. C’est un signal de sérieux envoyé à vos partenaires, vos associés, vos salariés. Un entrepreneur qui anticipe les coups durs, c’est un entrepreneur qui inspire confiance.
Quelles sont les garanties clés à avoir ?
Pas besoin d’un contrat complexe pour être bien protégé. Mais certaines garanties sont incontournables si vous êtes dirigeant, fondateur ou porteur de projet. Ce sont elles qui feront la différence le jour où vous ne pouvez plus assurer vos fonctions.
- Indemnités journalières : C’est la base. Elles viennent compléter les indemnités journalières de la Sécurité Sociale et vous permettent de remplacer votre revenu en cas d’arrêt de travail temporaire (maladie, accident…) après un délai de franchise (souvent 15, 30 ou 90 jours)…Selon le mode de calcul défini dans le contrat, le montant est basé sur vos revenus déclarés et le taux de couverture choisi ou il peut être forfaitaire. Pour un entrepreneur, l’enjeu est d’assurer un revenu minimum stable pendant la durée d’inactivité.
- Rente invalidité : Si votre état de santé vous empêche définitivement de reprendre votre activité, même partiellement, la rente d’invalidité prend le relais. Elle est versée jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite. Cette garantie est vitale si votre activité repose fortement sur vos compétences propres (consultant, développeur, coach, dirigeant opérationnel…). Attention à bien vérifier le seuil d’invalidité déclenchant la rente (66 % pour certains contrats, 33 % pour d’autres) et les modalités d’évaluation du taux d’invalidité (professionnel ou fonctionnel)
- Capital décès : En cas de décès prématuré, cette garantie permet de protéger vos proches. Elle peut couvrir des besoins immédiats (frais de succession, obsèques) ou aider à stabiliser la situation financière de ceux qui comptaient sur vous. Vous pouvez désigner un ou plusieurs bénéficiaires
- Frais généraux : Souvent oubliée, cette garantie est particulièrement utile pour les dirigeants de TPE ou les indépendants en local commercial. En cas d’arrêt de travail, elle permet de prendre en charge les dépenses fixes de votre entreprise : loyers, charges, abonnements, salaires non remplaçables, leasing de matériel… Cela vous permet de garder votre structure en vie le temps de votre convalescence.
Combien ça coûte (et combien ça peut rapporter) ?
Bonne nouvelle : un contrat de prévoyance adapté ne coûte pas une fortune, surtout si vous le souscrivez jeune et en bonne santé. Un indépendant de 35 ans peut obtenir un bon niveau de couverture à partir de 20 à 70 € par mois, selon les garanties choisies.
Et surtout, ces cotisations sont déductibles de vos revenus imposables grâce au dispositif Madelin. Ce qui diminue réellement le coût net.
En face, le gain potentiel est énorme. Une rente invalidité peut représenter plusieurs centaines de milliers d’euros de revenus sur la durée, sans parler de la sécurité financière et de la sérénité que cela vous apporte.
Comment bien choisir son contrat de prévoyance ?
Tous les contrats ne se valent pas. Voici les points à vérifier avant de signer :
- Franchise : le délai avant de commencer à percevoir les indemnités. Plus il est court, mieux il vous protège donc plus votre contrat est cher.
- Durée d’indemnisation : combien de temps êtes-vous couvert ou jusqu’à quel âge ?
- Montant garanti : attention aux plafonds de garantie
- Exclusions : certains contrats excluent les troubles psychiques ou les sports à risque.
Enfin, n’oubliez pas de vérifier les conditions de souscription : certains contrats exigent un questionnaire médical ou un examen complet au-delà d’un certain montant garanti. Mieux vaut s’y prendre tôt pour éviter les surprimes ou exclusions liées à des antécédents de santé.
Startuper avec un revenu encore instable ? Les contrats sont évolutifs et s’adaptent à la croissance de votre activité.
En tant qu’entrepreneur, ne pas vous couvrir, c’est rouler sans assurance. La prévoyance ne sert pas qu’à « se protéger » : elle vous permet de garder la main, même quand la vie vous bouscule.